monte-sac

Le «rince oeil»

- Allô ! Est-il vrai qu’il est possible de venir se rincer l’oeil chez vous ?

- Oui, Monsieur, nous pouvons parfaitement répondre à votre souhait.

- L’endroit est-il discret ?

- Pas du tout ! L’établissement se trouve en plein centre du village.

- Ah ! Cela me gêne beaucoup car j’aurais voulu y venir incognito.

- Qu’à cela ne tienne ! Venez entre chiens et loups à l’heure où tous les chats sont gris. Ni vu, ni connu. - Je prends immédiatement rendez-vous... Je suis impatient de voir ce qui va s’offrir à mes yeux, j’imagine le spectacle... - Mais, Monsieur, vous n’y verrez goutte avec ces cupules oculaires sur vos orbites. - Vous avez dit quoi ? Cu... quoi ? Or... quoi ? Ah, que j’ai hâte..., que je me réjouis!

- Dès votre arrivée, je vous montrerais mes saints... Ceuxlà même que nous invoquerons pour vous ramener dans le droit chemin. Le musée est un endroit respectable... pas ce que vous pensez.

- Hum ! Je vous demande pardon... Mais alors ? Pourquoi m’avoir laissé sous-entendre qu’il était possible de se rincer l’oeil ?

Le «rince oeil» plus correctement appelé oeillère n’est certes pas un objet désuet, on peut encore s’en procurer en pharmacie mais la plupart du temps ils sont en plastic (jetable). Ceux visibles au musée (voir photo) sont en verre soufflé ou en porcelaine. Leurs formes rappellent un peu celle du verre à goutte... ne confondons pas ! Cet objet en forme de cupule sert à se laver les yeux (au sens propre), on incorpore dans l’eau un produit adéquat (toujours prescrit), ensuite on rapplique directement sur l’orbite de l’oeil en gardant celui-ci ouvert. Aujourd’hui, les pommades seraient d’avantage plus pratiques car le pouvoir d’adhérence rendrait l’effet thérapeutique plus efficace.

- Je maintiens mon rendez-vous, manifestement j’ai beaucoup à y apprendre... je compte sur votre discrétion pour le quiproquo.

N.B.: Cette histoire est inventée de toute pièce, j’ose espérer qu’on en aura apprécié l’humour ; quant aux «Saints» (collectionnés au musée) ils seront évoqués ultérieurement.

Joseph Andrien

print Paru dans le n° 381 de urlBlegny Initiatives du 23 nov 2007

© Musée de la Fourche et de la Vie rurale - J. Andrien