La sangsue
On estimait autrefois que certaines régions de la peau étaient en communication avec des organes profonds dont la congestion pouvait réclamer un traitement par saignée.
La sangsue (de sangere, le sang et sugere, sucer) est une sorte de gros vers vivant dans les eaux stagnantes (marais) ; son corps de forme cylindrique se termine à chaque extrémité par une ventouse. Avec sa bouche munie de trois mâchoires, la sangsue perfore la peau puis elle s’arc-boute en prenant appui sur ses ventouses pour sucer le sang des vertébrés.
L’espèce appelée hirudo médicalis a longtemps été utilisée en médecine à des fins thérapeutiques.
On la laissait se gorger de 3 à 5 grammes de sang jusqu’à ce qu’elle se détache elle-même.
L’hérudine (venin sécrété dans sa salive), empêchant la coagulation du sang, était parfois la cause de complications septiques.
Cette technique fût abandonnée au profit de la ventouse en verre ou en métal.(En wallon : bwète). La ventouse a la forme d’un verre ballon sans pied à bord épais (voir photo ci-jointe).
On y introduisait un coton imbibé d’alcool ou une mèche que l’on allumait puis la ventouse était ensuite directement posée sur la peau préalablement rasée. La raréfaction de l’air provoqué par la flamme avait comme effet de faire adhérer la ventouse à la peau et de provoquer gonflement et rougeur (sorte d’ecchymose artificielle). Après cinq minutes on enlevait la ventouse et on pratiquait une saignée à l’aide du scarificateur (sorte de petit tambour dans lequel se trouvent de petits couteaux cylindriques actionnés par un ressort).
Une nouvelle ventouse était ensuite immédiatement replacée au même endroit pendant environ 7 à 8 minutes pour pomper le mauvais sang. Enfin on plaçait une compresse stérile pour protéger la «blessure».
Cette seconde technique est également tombée en désuétude.
Pour une plus ample description du scarificateur, une visite au musée s’impose !
Joseph Andrien
Paru dans le n° 382 de
Blegny Initiatives
du 18 déc 2007