Le débousage

Le débousage

A l’aide d’une pelle triangulaire incurvée munie d’un long manche, le fermier procédait quotidiennement ou presque à l’épandage des bouses de vache. (Li cincî stâre as flates).

Alors que la fiente était encore fraîche; de plusieurs mouvements spécifiques, il expédiait des particules de cet engrais naturel plus loin possible. Cette opération était indispensable pour garder les prairies uniformes et éviter les zones de refus; sans quoi, la croissance anarchique des bonnes et mauvaises herbes aurait transformé la prairie en une multitude de bosses vertes touffues (refuge idéal pour les champignons de prairie) mais négligées par nos ruminants.

Il fallait de l’endurance et une très grande dextérité... Difficile d’éviter les éclaboussures!

La raclette « Paggen » allait pallier ces désagréments. Cet outil, muni de lamelles flexibles, permettait d’épandre les bouses d’un seul mouvement et sans salissure pour l’utilisateur. Seul un observateur niais et imprudent aurait pu être maculé de taches peu ragoûtantes.

Gare aux commissures des lèvres... Pouah !... Pfut, pfut, pfut...

A la fin de la guerre, pressentant la victoire prochaine, un fermier goguenard avait pris plaisir à dessiner des « V de m... » à l’aide de sa raclette... Cela pour faire la nique aux aviateurs allemands. (Anecdote rapportée par un voisin).

Faisant suite à cette raclette, progrès oblige, un nouvel instrument fut conçu. Celui-ci étant monté sur roues permettait une moindre fatigue et de plus garantissait l’absence totale d’éventuelles « spitures » (du wallon spiteûres= éclaboussures).

L’humour se perd! Aujourd’hui, grâce à la mécanisation, cette activité manuelle est devenue désuète dans nos régions.

«Paggen», un nom à suivre ...

Joseph Andrien.

print Paru dans le n° 401 de urlBlegny Initiatives du 29 sept 2009

© Musée de la Fourche et de la Vie rurale - J. Andrien