monte-sac

La grille « Paggen »

Baptisée « la grille Miracle » par son inventeur, elle était le plus communément appelée « la grille Paggen » dans notre région. (Paggen étant inscrit en lettres creuses moulées dans la fonte).

De forme étoilée et munie d’un trou carré en son centre, elle pouvait remplacer n’importe quelle grille ronde. A l’aide d’un tisonnier spécial (fourni) introduit au centre de la grille, on pouvait imprimer une rotation alternée de celle-ci afin de briser les éventuels mâchefers et aussi d’aérer le feu sans risquer de le faire tomber dans le cendrier. Jamais de charbon noir contre le pot! Cette opération allait permettre une meilleure combustion et garantissait l’économie d’une pelle de charbon sur deux. .

Mais qui était donc ce « Paggen » ? Léon Balthasar Hubert Paggen est né à Mouland en 1897.

Peu après son mariage, il exploita une petite ferme à Aubel. Quelques années plus tard son cheptel fut complètement anéanti par la foudre.

Pas de chance!

Mais Léon n’était pas du genre à baisser les bras.

Alors, c’est à Mortroux qu’il alla s’installer avec sa « petite » famille de six enfants (il en eut huit au total) et là, il commença à fabriquer des porte-paquets pour vélos, qui à l’époque n’en étaient pas encore pourvus.

Après la guerre, il voulut subsister par ses propres moyens.

Doté d’un esprit indépendant et inventif, il fabriqua et commercialisa différents outils à manche ou ustensiles qui facilitaient le travail à la ferme: des râteaux pour travailler le foin; d’autres pour nettoyer les abords des haies; des corsets métalliques pour protéger les arbres fruitiers des animaux, des débouseuses, ...

Souvenez-vous de l’évocation de la raclette « Paggen » (une autre de ses inventions). Plus tard, à son nouveau domicile de Trembleur où il disposait d’un atelier plus spacieux, il fabriqua des chevalets en bois pour le séchage du foin; des abris et des garages démontables pour voitures; etc ...

Toujours à la recherche de nouvelles idées, il aurait même imaginé un « pinceau automatique ». Adapté sur un récipient comparable à une burette, le pinceau était approvisionné en peinture, au gré de l’utilisateur, à chaque giclement produit par la gâchette. Génial!

Bien que ses grilles «Miracle» étaient distribuées dans les quincailleries de la région; cela n’empêchait pas Léon Paggen d’en vendre directement aux consommateurs.

En hiver, période propice pour la vente, Léon, vêtu d’un grand manteau en loden gris et coiffé d’un feutre plat, allait les dimanches sur la Batte pour promouvoir son produit. D’habitude plutôt réservé et peu bavard; ses lèvres, sous sa moustache étroite, savaient se délier pour convaincre les clients à grand renfort d’arguments.

Quel crack ! Ce Léon Paggen !

En plus, quand on sait qu’il se porta volontaire en 1914 dans l’armée belge pour repousser l’invasion ennemie et qu’il fut réfractaire durant la deuxième guerre mondiale, un hommage devait être rendu par le Musée à cette personnalité locale disparue en 1969.

(Merci à la famille pour les infos transmises et à G. F. pour le don de la grille.)

Joseph Andrien

print Paru dans le n° 403 de urlBlegny Initiatives du 24 nov 2009

© Musée de la Fourche et de la Vie rurale - J. Andrien