Le collier de cheval et les grelots
« Drelin, drelin... » sonnait la clochette du rémouleur;
« Tutûûût...» tintait la trompette du glacier;
«Cliiicote... Vffi... fiér » hurlait le ferrailleur;
Et toujours « Gling, gling » cliquetaient les grelots... Ces « musiques » étaient aussi scandées du « Clip... clap... clop... » produit par le martèlement des sabots des chevaux sur les gros pavés de la chaussée.
Ah... ces braves serviteurs de l’homme!
L’attelage à peine passé, d’aucuns sortaient de leur maison scrutant le pavé à découverte d’un éventuel paquet odorant et fumant dont se serait déchargé un cheval complaisant.
A l’aide d’une ramassette, d’une petite brosse et d’un seau, hâtivement mais méthodiquement, on emmenait le précieux butin pour le déverser derechef dans le compost.
Parfois, on le laissait refroidir..., puis après émiettement, il était « semé » entre les lignes de culture.
Cette pratique n’était pas rare, ce fumier ainsi laissé sur la route était comme un don venu du ciel (si on peut dire). Cet engrais naturel était de très grande qualité. Je me souviens que mon grand-père avait un jour cueilli une fraise pesant 150 grammes. Il n’en était pas peu fier, il l’avait exhibée à bon nombre de personnes tout en taisant jalousement la recette de son succès.
Quelquefois, cela provoquait quelques polémiques car si d’aventure deux voisins avaient la même idée au même moment, ils allaient jusqu’à s’octroyer l’usufruit de la portion de chaussée se trouvant juste en face de leur habitation.
« Li stron est d’va nt m’mohone, il est d’à meune ! » (Le crottin est en face de chez moi, donc il m’appartient !).
Autrefois, une personne très véloce pour s’approprier ce précieux butin avait même été surnommée « Cacad’jvå » [caca (de) cheval].
Les surnoms de personnes étaient fréquents, ce qui les transformait parfois en « personnages truculents ».
Merci à mon voisin d’en face pour m’avoir rappelé ces anecdotes d’autrefois.
Joseph Andrien
Paru dans le n° 408 de
Blegny Initiatives
du 27 avr 2010