Le van et le tarare

Le van et le tarare

Le van est une sorte de panier peu profond d’un diamètre d’environ un mètre et dont la forme rappelle celle de la coquille saint Jacques (voir photo). A l’aide des deux anses, on agitait une petite quantité de grains préalablement battus afin de séparer le grain de la balle (enveloppe du grain) et des paillettes. Cette opération s’effectuait à l’extérieur par temps sec et légèrement venteux. Le vanneur lançait verticalement le contenu du van pour le rattraper derechef. Le vent emportait alors la balle et les paillettes plus légères; alors, seuls les grains de bon poids retombaient dans le panier.

Cette opération était lente et fastidieuse et exigeait une météo adéquate.

Bien qu’encore utilisé dans certains pays en voie de développement, le van a été remplacé dans nos régions par le tarare (appelé ici « djâle-volant » ou encore « annoir » en France).

A l’aide de cet instrument d’abord rudimentaire, le vannage pouvait dès lors s’effectuer, quel que soit le temps, dans un hangar ou à l’entrée de la grange. Avec une manivelle, via des engrenages et un mécanisme tout en bois, l’ouvrier actionnait un ventilateur à pales. Le grain battu versé dans une trémie tombait lentement dans une sorte de goulotte dans laquelle circulait le courant d’air artificiel qui allait remplir la fonction de séparateur, emportant les éléments légers et laissant le grain plus lourd tomber par terre

Au fil du temps, le tarare allait subir des améliorations...

Il sera doté de deux cribles oscillants suspendus parallèlement, et d’un plancher oblique qui allait conduire le grain directement dans un sac. Puis, viendra la mécanisation qui allait alléger la pénibilité du travail et affiner la qualité de l’opération.

Agé d’à peine dix ans, étant alors en vacances en Ardennes, je me souviens avoir vu les ouvriers gris de poussière de la tête aux pieds pratiquer manuellement cette opération.

Timidement, j’avais osé me proposer pour tourner à la manivelle...

Mais très vite, je fus évincé par le fermier qui me reprochait de ne pas avoir assez de force et de procéder par à-coups.

En effet, le vannage exigeait une certaine adresse. Ainsi, il était indispensable pour la perfection du travail que l’ouvrier faisant office de moteur tourne la manivelle d’un mouvement modéré et très uniforme.

C’était vrai! J’avais déjà dû changer de bras à plusieurs reprises et de plus la chaleur et la poussière m’avaient donné soif...

Un peu vexé mais pas trop déçu, j’étais allé marauder des prunes...

Joseph Andrien

print Paru dans le n° 409 de urlBlegny Initiatives du 26 mai 2010

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