Le téléphone à manivelle

Le téléphone à manivelle

- « Allô, Mademoiselle!... Pourriez-vous, s'il vous plait, me passer le 22 à Hastière ? »

- « C'est ça ! Pour parler à Fernand Reynaud, je suppose ? » Et clac, la communication est subitement coupée.

De nouveaux coups de manivelle sont nécessaires. - « Allô! Ici la centrale, que puis-je pour vous ? »

- « Excusez-moi, Mademoiselle, mais pourriez-vous me mettre en communication avec le Grand Hôtel situé à Waulsort dans la commune de Hastière (et non Asnières) dont le numéro de téléphone est le 22 ? »

- « Ah ! C'est vous que j'ai eu tout à l'heure ! Excusez-moi, mais j'ai cru à un canular... Désolée mais la ligne est occupée pour l'instant; dès qu'elle sera disponible, je vous rappelle. »

Les minutes d'attente semblent longues, très longues... Nouveaux coups de manivelle.

- « Encore vous ? Patientez !... Je vous passe Le grand Hôtel. » -«Allô? Allô? Alloohhh ? ... »

Impossible de comprendre ! Parasites, brouillages, que des grésillements... Au travers de la friture, on peut même entendre indiscrètement la conversation entre deux personnes inconnues. Cela commence à bien faire.

Le 22 à Hastière sera reporté à plus tard.

En 1935, à Blegny et sa périphérie, il y avait environ 200 abonnés dont à peine une vingtaine à Mortier. Les numéros de ces derniers, ne comportant qu'un, deux ou trois chiffres, étaient attribués au bourgmestre, au curé, aux négociants et à la plupart des fermiers mais presqu'à aucun particulier.

Pas de cadran numérique circulaire, pas de pavé alphanumérique; pour obtenir une communication, il fallait actionner la manivelle du combiné (photo) qui envoyait un signal au bureau local. La standardiste enregistrait votre demande et à l'aide de fiches, elle raccordait votre ligne à celle du correspondant; puis, elle devait encore actionner la sonnerie de ce dernier. Après mini enquête, une standardiste bien connue de l'époque s'appelait Mademoiselle Laure Tylens. Certains aînés s'en souviendront peut-être?

Petit détail intéressant : certains abonnés d'aujourd'hui qui possédaient déjà le téléphone et qui n'ont pas changé d'affectation ni d'adresse ont actuellement un n° dont les deux ou trois derniers chiffres sont toujours les mêmes qu'autrefois. Ex : l'imprimerie Smets n° 76 en 1934, actuellement 04 387 40 76.

Le tiers de l'indicateur de toute la Belgique (à voir au musée) répertoriait les abonnés du « Grand Bruxelles » qui était le seul dont les numéros étaient composés de six chiffres; les autres grandes villes n'en comptaient que 5.

Une statistique très approximative me laisse à penser qu'il y a actuellement dans notre entité environ plus de 5000 abonnés au téléphone sans compter les GSM, et que le numéros comptent 9 ou 10 chiffres. C'est le progrès !

- « Allô? .. Le garage Tartempion ? »

- « Vous êtes bien au garage Tartempion. Pour le magasin, tapez 1 ; pour une réparation tapez 2; pour... ; pour... une réclamation tapez 10. »

- « Désolé, tous nos opérateurs sont en ligne, veuillez patienter. Musique. Désolé, tous nos opérateurs sont en ligne, veuillez patienter. Musique.....»

J. Andrien

print Paru dans le n° 428 de urlBlegny Initiatives du 21 fév 2012

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