Marmite

La marmite à pression

Il était tout gris, nous l’avions appelé : «Souris». On pouvait le cajoler de toutes les manières et toujours, il ronronnait... Même si on l’emmaillotait et qu’on le couchait sur le dos à la manière d’un poupon, il se prêtait au jeu à la grande joie de toute la famille. Plus souvent sur nos genoux que par terre, il se laissait faire, acceptant les caresses à rebrousse-poil et même les pétrissages énergiques de toute son anatomie. Jamais, il n’opposait de résistance; le chat idéal quoi!

C’était un dimanche matin, nous avions acheté la veille une nouvelle bouilloire munie d’un sifflet.

Lorsque l’eau se mit à bouillir, un sifflement très strident fut émis par la bouilloire. Cela eut pour conséquence d’effrayer le chat qui alla se tapir derrière le fauteuil... C’est à ce moment que j’eus la bonne idée de le rassurer. Je le pris délicatement dans mes bras et le plaçai directement contre ma peau, ne laissant apparaître que sa tête au travers de la veste de mon pyjama. Il était calme, mais ne ronronnait pas. Très progressivement je me rapprochai de la bouilloire toujours sifflante et délicatement me saisis du bouchon.

Il me suffisait donc d’enlever le bouchon pour que le calme revienne et que le chat retrouve sa sérénité.

Mal m’en prit, ce n’est pas cela qui arriva... Un puissant jet de vapeur nous frappa violemment tous les deux. Le chat, pris de panique, pour quitter ce pseudo refuge, me lacéra profondément la peau du ventre tout en déchirant les boutonnières de mon pyjama. Quant à moi, en plus des griffures sanguinolentes, j’étais brûlé à cloques.

Dieu que j’étais idiot ! (No di dju qui d’èsteût bièsse !) Me promenant dans le musée, c’est cette ancienne casserole à pression (photo) qui m’a rappelé l’anecdote.

Cette casserole particulière (du début du 20ème) est munie d’un couvercle ovale qui doit être introduit à l’intérieur pour être repositionné en bonne place et ainsi ne pas pouvoir sortir sous l’effet de la pression. Un sifflet avertissait de la surpression et un joint d’amiante assurait 1’étanchéité de l’appareil. (On ne regardait pas de si près de ce temps là et on péchait parfois par ignorance). Une autre bouilloire à sifflet est également visible au musée.

Lors de votre prochaine visite, si vous insistez très fort, le conservateur vous montrera les séquelles de ses blessures

J. Andrien

print Paru dans le n° 470 de urlBlegny Initiatives de décembre 2015

© Musée de la Fourche et de la Vie rurale - J. Andrien