La hache de forestier
C’est tout de même dommage d’avoir abimé une si jolie hachette de la sorte ! On peut encore apercevoir les deux initiales (à l’opposé du taillant) devenues presque illisibles à force de s’en être servi comme d’un marteau.
J’ai pensé: « Quéne bièsse, li ci qu’a fé çoula! » (Quel idiot, celui-là qui a fait cela!)
Initialement, à quoi pouvait-elle bien servir?
A l’aide de la lame, l’utilisateur, enlevait une partie de l’écorce d’un arbre jusqu’à l’aubier (faire un blanchi) puis, après retournement de la hachette, frappait les initiales ou le blason du propriétaire.
Cette activité est réalisée par le garde forestier pour indiquer aux bûcherons quels sont les arbres à abattre. En effet, c’est le garde forestier qui est compétent en matière de gestion des bois et forêts (c’est lui qui détermine l’abattage et le reboisement) mais il est aussi mandaté pour lutter contre le braconnage, le vol de bois, la détérioration ou la cueillette d’espèces végétales protégées...
Quelquefois, c’est d’une rainette ou griffe (à voir au musée) que se sert le garde forestier pour marquer les jeunes arbres à écorce plus tendre.
N’oublions pas que le garde forestier est un agent assermenté et qu’il peut dresser procès verbal lors d’un constat d’in-fraction; on peut le reconnaître facilement puisqu’il porte un uniforme de couleur verte.
A remarquer que le bûcheron utilise le plus souvent un marteau spécial marqué de chiffres (à voir égale-ment au musée).
Il est normal de trouver des haches de ce type dont la tête a été martelée ou limée, soit après la mort du propriétaire, soit à l’extinction de son droit (par exemple à la pension) cela afin de ne pas en faire un usage illicite.
J’ai pensé: « Quéne bièsse, dj’esteûs, d’avu tûzé... » (Quel idiot, j’étais, d’avoir prêté mauvaise intention à un autre.)
J. Andrien
Paru dans le n° 436 de Blegny Initiatives du 20 nov 2012