Le Clac-clac

Le Clac-clac

C'est précipitamment que nous avions quitté la gare des Guillemains... Pas celle de Calatrava, ni non plus celle art déco mais bien l'ancienne gare de la belle époque construite dans la deuxième moitié du 19ème siècle (1864). Celle garnie d'une magnifique verrière en en forme d'éventail et surplombée d'une statue féminine appelée Guillemine par les cheminots de l'époque, laquelle était censée représenter l'industrie. (Je me demande ce qu'elle a bien pu devenir?).

C'était la toute première fois que j'allais à Liège. Mon frère m'enmenait voir le "vrai" saint Nicolas.

Il pleuvait fort et nous n'avions pas perdu de temps pour sauter dans le tram. J'ai vécu ce moment comme une sorte d'émancipation; car autrefois, pour traiter quelqu'un d'ignare, on disait: "I n'a måye vèyou l'tram".

Arrivé à destination, il pleuvait de plus belle , tout de suite nous sommes rentrés dans le Grand Bazar.

Clac-clac, clac-clac,...
Nous nous sommes dirigés directement vers l'ascenseur le plus proche. (Pas encore d'escalators, ils ne seront installés qu'après 1953). Une charmante hôtesse en uniforme nous souhaita la bienvenue et comprit directement qu'il fallait nous emmener au quatrième étage au royaume de saint Nicolas

Clac-clac, clac-clac,...
Nous sommes entrés dans une sorte de tunnel qui au début était faiblement éclairé; puis ce fût le ravissement. Un monde féérique et enchanteur où tout était couleurs et lumières. Des décors qui nous projetaient dans le monde des films ou des bandes dessinées... Les personnages, les animaux, et même les décors étaient animés et semblaient danser aux sons des musiques appropriées diffusées en continu...

A l'approche du trône , il fallait faire la file... Saint Nicolas, flanqué de deux anges vêtus de satin blanc, nous accueillait avec bonhomie...nous prodiguant de bons conseils pour rester des enfants sages. Chacun recevait alors sa fameuse "grenouille", la responsable de ces fameux "clac-clac". Puis, la pose pour l'éventuelle photo.

Partout, dans le magasin, au grand dam des vendeuses, on n'entendait plus que ça: Clac-clac, clac-clac, clac-clac, clac-clac,... C'était pour les enfants comme un signal de ralliement. (Mais au fait, saviez-vous que les parachutistes américains avaient utilisé ce même genre de grenouille pour se reconnaitre entre eux au débarquement de Normandie?)

Nous avons ensuite parcouru les différents stands où les démonstrateurs suscitaient adroitement l'envie...

Dehors, la pluie avait cessé et la nuit était tombée. Je n'étais pas encore au bout de mes surprises. Mon émerveillement fut à son comble par la découverte des vitrines mais surtout à la vue de la façade du Grand Bazar tout ornée de décors grandioses.

Clac-clac, clac-clac,...
eu de temps après être rentré à la maison, maman, harassée après une longue journée de travail, m'avait confisqué ma grenouille.

J. Andrien

print Paru dans le n° 437 de urlBlegny Initiatives de décembre 2012

© Musée de la Fourche et de la Vie rurale - J. Andrien