Sabots

De la bûche au sabot

Au cours de mes différentes recherches, j’ai eu l’opportunité de rassembler un certain nombre d’outils concernant la fabrication des sabots ainsi qu’un échantillonnage de différentes sortes de chaussures en bois.

Lors des visites commentées, il ne m’était pas toujours facile d’expliquer la métamorphose de la bûche de bois en sabot.

Qui pourrait me procurer des sabots réalisés dans leurs étapes successives de fabrication ?

Un sabotier, bien sûr, mais où le trouver ?

Mes recherches en Wallonie furent vaines !

C’est Monsieur José Laurent, organisateur de la fête des vieux métiers à Sart-lez-Spa qui m’a communiqué un numéro de téléphone. (Rq: Ne ratez cette manifestation sous aucun prétexte: «La fête du geste» qui aura lieu les 2 et 3 août 2013).

- « II est assez âgé, il ne se déplace plus pour venir faire des démonstrations mais je crois qu’il travaille encore un peu. Il est néerlandophone et ne parle pas beaucoup le français ... »

J’ai alors une fois de plus sollicité mes traducteurs bénévoles (merci) qui ont traduit ma lettre et pris contact par téléphone.

Résultat: - « Tu sais, Joseph, ce monsieur est intéressé par ton musée et enchanté de pouvoir répondre à ta demande; je crois que tu peux lui téléphoner toi-même. »

Notre conversation fut difficile et brève, néanmoins l’essentiel était dit. Rendez-vous un jour prochain !

Arrivé à son domicile, je fus accueilli très chaleureusement par un monsieur droit, l’oeil pétillant de vivacité... Il me montra d’emblée la série de 15 « sabots »; de l’ébauche aux divisions principales de l’ensemble des étapes à accomplir pour arriver au produit fini.

J’ai été très sensible à l’attention toute particulière qu’il avait eu pour peaufiner le dernier sabot (photo): celui-ci étant décoré de ciselures; personnalisé au nom du musée et signé de ses initiales S.M. Quelle délicate attention !

Monsieur Samuel Mondelaers m’a ensuite montré divers documents spécifiques aux sabots ainsi que différentes coupures de journaux... Il m’a ensuite raconté quelques faits marquants de sa vie et narré quelques anecdotes.

Fils de sabotier, il a été formé par son père qui possédait une saboterie employant plusieurs dizaines de personnes. Il a exercé son métier de sabotier toute sa vie. Aujourd’hui, âgé de 92 ans, il réalise encore des sabots dans le magnifique musée du sabot qui a été créé en son hommage et dont il est la cheville ouvrière. Quelle vivacité !

Visiteur privilégié, j’ai pu apprécier la qualité de ce magnifique musée « vivant ». Pour moi seul, monsieur Mondelaers a revêtu son sarrau, noué son foulard à l’aide d’un petit sabot et s’est mis au travail... J’ai eu tout le loisir de pouvoir le photographier alors qu’il utilisait plusieurs sortes d’outils... (Klompenmuseum, Grensstraat 45 à 2431 Laakdal Tel. 013/661795).

Une anecdote au passage : Monsieur Mondelaers a fabriqué une paire de sabots pour Monsieur Henri Kissinger. Incroyable mais vrai !

Une maxime dans son musée a retenu mon attention « Men is nooit te oud om te leren » (On n’est jamais trop vieux pour apprendre).

Au terme de notre visite, nous sommes allés manger un bout et boire un bon verre.

- « Dank u wei menheer Mondelaers, vous êtes une sacrée personnalité ! »

J. Andrien

print Paru dans le n° 440 de urlBlegny Initiatives de mars 2013

© Musée de la Fourche et de la Vie rurale - J. Andrien