A la queue leu leu... (Al cowêye...)
Ci djoû-Ià, mi grand-mére m’aveût agad’Ié avou dès vîles èt tchôdes mousseûres.
Ce jour-là, ma grand-mère m’avait attifé de vieux vêtements chauds.
C’est qu’il avait neigé abondamment pendant toute la nuit, et que je ne faisais aucun bien pour aller jouer dehors...
Grand-papa avait déjà descendu le vieux traîneau du grenier.
Mes empreintes de pas balisées par deux sillons, que la rouille rendait rougeâtres, semblaient indiquer le chemin. Celui qui me conduisait à la piste improvisée de descente à traîneau dans une prairie pentue.
D’emblée, j’étais la risée de mes condisciples qui se moquaient de mon accoutrement ainsi que du modèle de mon vieux traîneau. (Mi vÎ hamê - voir photo).
Ils avaient des luges légères à larges patins qui glissaient plus aisément sur la neige...
Tandis qu’assis sur mon traîneau, je donnais, désespérément, des coups de reins pour tenter de le faire avancer; les fines barres métalliques s’enfonçaient trop fort et bloquaient la bonne progression de mon engin.
Les sarcasmes allaient bon train mais rageur et obstiné je poursuivis inlassablement mes efforts.
Lorsque la neige tassée se transforma en glace et que les glissières métalliques de mon traîneau furent polies, les performances de ce dernier furent extraordinaires.
Je pus même m’encorder, avec les autres, dans un train de traîneaux. (AI cowêye)
Le mouvement oscillant de la tête du convoi allait imprimer un balayage excessif de la queue...
C’est la position que j’occupais sans pouvoir exercer de contrôle. Lorsque l’ensemble de la cordée versa, je fus violement précipité sur les bas-côtés de la piste. Mon traîneau alla percuter une souche; puis, désarçonné, je poursuivis mon embardée dans la haie d’aubépines.
Mès mousseûres kihiyîs, mi visèdge d’grimoné èt mi sployon d’mesbrudjî dj’esteus ridivnou li rizêye di l’atèlêye.
Mes vêtements déchirés, mon visage égratigné et mon traîneau démantibulé, j’étais redevenu la risée de la bande tumultueuse des condisciples de jeux.
De retour précipité à la maison, je fus accueilli par mon grand-père qui, au vu de mon état et celui du traîneau, ne put s’empêcher de rire à gorge déployée...
Au terme de cette année, je voudrais remercier tous les sympathisants du musée qu’ils soient donateurs, visiteurs, lecteurs, sponsors ou autres..., ils se reconnaîtront. Et par voie du journal, présenter à tous mes meilleurs voeux de santé, sérénité et prospérité.
J. Andrien
Paru dans le n° 448 de Blegny Initiatives de décembre 2013