point de croix

L'abécédaire au point de croix

« 1 n’èst måy trop tård po bin fé » : dit-on.

C’èst qu’ dj’a rouvi d’i v’sohêtî dès djoyeusès fièsses èt ine bone annêye.

J’avais rencontré au cours de wallon deux « élèves bien gentils » avec qui j’ai gardé des liens d’amitié. Tous deux sont devenus des sympathisants du musée. Elle, s’est montrée experte dans la restauration vestimentaire de marionnettes (à voir au musée) et lui est d’une aide plus que précieuse dans le domaine logistico-informatique du musée.

Lui, fils unique, avait convié ses parents à venir visiter le musée. Par une magnifique après-midi ensoleillée, nous avions vécu ensemble un très heureux moment de convivialité.

Le destin a voulu que son père nous quitte et que sa maman très âgée, se retrouvant seule, ait choisi de prendre domicile dans une maison de repos toute proche.

Mon épouse et moi allons quelquefois lui rendre visite ou l’invitons à partager un bon moment lors d’un repas que la maison de repos ne peut préparer pour des raisons pratiques.

Compte tenu de nos relations chaleureuses, cette dame a exprimé le souhait que nous l’appelions «Mamy». Nous en sommes émus et très heureux.

Dans sa chambre, elle n’est jamais oisive, elle occupe son temps à diverses activités tant intellectuelles que manuelles.

Et c’est là que je veux en venir !

Lorsque j’étais à l’école primaire nous avions des heures de travaux manuels et je me souviens d’avoir réalisé un abécédaire (dont un modèle, ci exposé, offert au musée). Sur une toile en tissu écru nous «dessinions» des lettres au point de croix rouge. La calligraphie faisait encore partie du programme scolaire.

point de croix

Lors d’une visite à Mamy, le point de croix fut l’objet de nos conversations...

Alors elle attira notre attention sur quelques-unes de ses réalisations qui ornaient les murs de sa chambrette. Quels ne furent pas notre surprise, notre étonnement mais surtout notre émerveillement devant ces décorations que nous avions négligemment pris pour des photos ou des tableaux peints. Le point de croix peut paraître simpliste puisqu’il s’agit de toujours faire la même chose ; mais Mamy explique qu’elle recherche des trames de tissu très serrées, qu’elle sélectionne de la soie très fine dont elle sépare les brins pour pouvoir effectuer des nuances d’ombre et de couleurs par le mélange de ceux-ci. Cela devient un vrai travail minutieux d’orfèvre u’elle effectue encore aujourd’hui. (modèle ci-exposé).

En cette fin d’année, Mamy nous convia au souper de Noël organisé par la maison de repos. Comme elle pouvait inviter des membres de sa famille, elle avait pensé à nous, nous considérant une peu comme faisant partie des siens.

Merci Mamy ! Par le présent écrit, je veux vous rendre hommage et vous remercier pour votre considération, votre sympathie mais surtout pour votre affection.

Alors qu’une génération nous sépare, vous restez dynamique, positive et optimiste... J’ose dire un modèle.

On-z-a tot l’meûs d’djanvir po s’sohêti ine bone annêye. A- c’qu’i parèt.

I n’èst nin co trop tård. Adon pwis !

J. Andrien

print Paru dans le n° 460 de urlBlegny Initiatives de janvier 2015

© Musée de la Fourche et de la Vie rurale - J. Andrien