Le "batteur" de matelas
Autrefois, la plupart des matelas étaient constitués d’un sac en toile remplis de flocons de laine que l’on pouvait se procurer dans certains commerces voire dans des usines de filature (région de Verviers). Lorsqu’on refaisait le lit, il fallait à chaque fois retourner le matelas et le secouer énergiquement pour lui redonner du «gonflant» (comme disait ma maman).
Je me souviens qu’en hiver, dans ma chambre mansardée non chauffée, j’évitais de défaire mon lit trop souvent; car cela demandait trop de temps mais surtout que lorsque j’y avais façonné ma place je pouvais m’y glisser comme dans un fourreau parfaitement adapté à ma morphologie ... De ce fait, j’avais vite chaud !
Au bout d’un certain temps, les flocons mal aérés avaient tendance à se tasser, s’agglomérer et à former des sortes de chatons durs et compacts (groumiotes) qui dès lors donnaient de l’inconfort au matelas et n’assuraient plus une bonne isolation...
Quand il y avait surproduction de « moumoutches » ou de « ploutchons » sous le lit, c’est que le matelas faisait trop de poussière...
Lors du grand nettoyage de printemps, il était parfois nécessaire de dépoussiérer le matelas. Alors le sac en tissu d’ameublement souvent bleu décoré de motifs en « soie dorée » était décousu d’un côté (celui piqué à la main) pour être vidé de son contenu.
Les flocons étaient versés par petites quantités dans l’appareil (photo) où ils étaient alors brassés, battus par des tiges métalliques ou en bois suivant un mouvement rotatif ou alternatif. Cette opération se pratiquait à l’extérieur car cela engendrait beaucoup de poussière. Les flocons délestés et ainsi bien aérés pouvaient reprendre place dans le matelas.
Quelquefois il était nécessaire de recourir à la cardeuse (à voir au musée) pour effilocher les pelotes de flocons devenues trop compactes.
Dans certaines régions, on faisait appel au «batteur de matelas»; il s’agissait d’une petite profession saisonnière qui offrait ses services de porte en porte.
Le saviez vous? A Mortier, un certain Monsieur Desaive, menuisier et aussi accordeur de piano, possédait ce type de batteuse qu’il avait probablement confectionné lui-même et qui la louait à qui voulait. (Il habitait Rue Haîsse où c’est maintenant « Chez Jeanine » juste en face du café «Les amis de Mousse» et son atelier jouxtait sa maison.
Merci aux informateurs locaux !
J. Andrien
Paru dans le n° 462 de Blegny Initiatives de mars 2015