soulier de cheval

Le soulier de cheval

Tous, agglutinés autour de moi, les enfants espiègles me « harcelaient » de questions...

Ils manifestaient tous beaucoup d’intérêt pour les explications que je donnais...

Tous ? Non, pas vraiment !... Car un petit garçon restait en retrait la tête basse et le visage quelque peu fermé.

Je me suis alors approché et lui ai demandé son prénom puis :

- « Loïc ! Pourquoi n’es-tu pas avec nous ? »

- « Je n’aime pas les vieux affaires, monsieur ! »

- « Voilà qui est bien ton droit ; mais moi, je suis un peu triste de te voir comme ça... » et de poursuivre:

- « Qu’est-ce qui t’intéresse, toi ? »

- « Le foot, monsieur... »

Au musée, pas de quoi satisfaire son plaisir... Alors, me vint une idée pour aiguiser sa curiosité.

- « Savais-tu que le cheval devait parfois mettre des souliers ? En as-tu déjà vu ? »

C’est alors que Loïc sortit de son renfrognement, croisa mon regard et rejoignit le groupe.

Il peut arriver que le pied du cheval soit infecté suite à une blessure voire à un mauvais entretien...

Il est impératif de bien nettoyer quotidiennement la sole (partie inférieure du sabot) et plus particulièrement la fourchette afin d’éviter une prolifération de bactéries qui pourraient engendrer une boiterie chronique. Lorsque tel est le cas, il est alors nécessaire de panser (mettre un pansement) au pied du cheval et de lui mettre un soulier (photo) afin de rendre le remède plus efficace et surtout d’éviter que le sabot ne s’encrasse à nouveau.

Plusieurs enfants, le doigt levé, insistèrent pour faire part de leurs expériences. Plusieurs d’entre eux pratiquaient l’équitation et l’effervescence du début reprit de plus belle.

Les rénettes, étrilles, peignes, paroirs, couteaux à sueur, mors... (à voir au musée) sont autant d’objets dont certains enfants connaissaient la finalité, et ils n’étaient pas peu fiers de la transmettre aux autres... De même que pour certains mots du vocabulaire équin : bouche, barre, jambe, robe, pied, sabot, muraille, crinière, crin...

Gouailleurs et taquins, ils me tiraillaient d’une manche à l’autre, me sollicitant toujours poliment à répondre à leurs questions.

Au terme de la visite, j’invitai les enfants à écrire un mot dans le livre d’or ; ce qu’ils firent avec beaucoup d’empressement et de spontanéité.

Et Loïc dans tout cela ?

Il avait écrit: « Je me suis ennuyé tout le temps ! »

Comme les autres, il m’embrassa néanmoins avant de me quitter.

J. Andrien

print Paru dans le n° 463 de urlBlegny Initiatives d'avril 2015

© Musée de la Fourche et de la Vie rurale - J. Andrien