Les osselets (Lès ohions)
Ce jeu aurait été pratiqué depuis les premiers âges de l’humanité!
Normalement c’était avec de vrais osselets que l’on aurait dû jouer. Ces petits os provenant de la jointure du gigot ou du pied (carpe) de mouton (photo).
Nous n’en possédions pas, alors...
A genoux, dans la cour de récréation, nous jouions aux « osselets » mais avec des cailloux choisis pour être plus ou moins de la même forme. Quelquefois il fallait les façonner par frottements... ; pas trop arrondis pour éviter qu’ils roulent ni trop anguleux pour ne pas se blesser.
Nous utilisions cinq pierres.
La première épreuve appelée « Pierre 1» consistait à prendre les cinq pierres sur la paume de la main, à les lancer (pas trop haut) et d’en rattraper au moins une sur le dos de la main; pour ensuite la ou les récupérer dans le creux de la main.
(Fait rare : Celui qui avait été capable de conserver les cinq pierres avait fait un « dag ».)
Puis ne gardant qu’une pierre en main, il fallait à chaque fois la lancer et ramasser une seule pierre à la fois tout en récupérant celle lancée.
« Pierre 2 » : Il fallait étaler les cinq pierres (pas trop loin); ensuite en choisir une, la lancer en l’air et la récupérer après en avoir ramassé deux. Même chose pour les deux restantes.
« Pierre 3 » : Comme pour l’épreuve précédente, il fallait étaler les pierres, en choisir une, la lancer en l’air et la rattraper après en avoir ramassé une. Puis après dépôt de celle-ci, relancer la première pierre, puis ramasser les trois dernières en récupérant celle lancée.
La phase « Pierre 4 » était particulière. Une pierre entre le pouce et l’index et les 4 autres dans le creux de la main. Il fallait lancer la pierre, déposer les quatre et récupérer celle lancée. Puis, à l’inverse: relancer la pierre et la récupérer après avoir ramassé les quatre.
La dernière épreuve « Pierre 5 » était la plus difficile. Après avoir étalé les pierres, il fallait en choisir une, puis ramasser une à une les quatre pierres, mais cette fois en gardant les pierres ramassées dans le creux de la main. Donc, finalement lancer les quatre pierres, ramasser la dernière et les récupérer toutes dans le creux de la main.
Les réussites successives des 5 épreuves donnaient droit à un « dag ». En cas d’échec d’une épreuve, il fallait céder sa place à un autre joueur.
Il fallait énormément de dextérité... Il y avait beaucoup d’acharnement et d’empressement, mais jamais de disputes.
Rentré en classe, le maître nous enjoignait d’aller nous laver les mains... mais pas les genoux lesquels étaient tout égratignés (d’grimonés). Mais, même pas mal...
Plus tard on vit apparaître des « osselets » en plomb d’utilisation plus aisée parce que plus plats et plus lourds.
Mais d’où vient l’expression «faire un dag»? Très vraisemblablement du wallon « dja fèt m’dag’ » qui veut dire : « J’ai rempli ma tâche » en l’occurrence ici « J’ai effectué la succession des 5 étapes ».
J. Andrien
Paru dans le n° 469 de Blegny Initiatives de novembre 2015