Passe-Vite

Le "Passe-vite"

Ma mère, veuve, exerçait la profession d’institutrice; elle ne pouvait donc pas préparer le repas de midi. C’est donc chez mes grands parents maternels que nous allions dîner en famille.

Le potage faisait partie intégrante et systématique du menu. C’était là un bon moyen de nous apporter les nutriments nécessaires à notre croissance.

- « Il faut bien boire ta soupe pour grandir ! »

Ce n’est que les jours de congé que je pouvais assister et participer à la préparation de la soupe.

Grand-maman m’associait toujours, autant que faire se peut, aux différentes tâches ménagères...

Possédant un très grand potager, il y avait de quoi varier les menus.

Prélever les légumes du jardin; les laver une première fois ; les éplucher ou les peler suivant le cas; les découper en morceaux, les relaver encore et les plonger dans une casserole remplie d’eau...

Selon qu’il s’agissait d’une soupe maigre ou grasse, on y incorporait un bouillon de cube ou un morceau de bouilli. Laisser cuire à feu doux et voilà!

J’ai le souvenir d’avoir vu ma grand-mère se servir d’ une passoire ordinaire à grands trous dans laquelle elle écrasait les légumes cuits à l’aide d’un pilon (à voir au musée).

Plus tard, sans doute après le passage du marchand ambulant, elle avait acheté un ustensile de cuisine : sorte de moulin broyeur à légumes de marque « Passe-Vite ».

Cet appareil, comme on peut le voir sur la photo, est muni de deux poignées et d’une manivelle ; au fond de la petite partie tronconique, il est possible de placer différentes grilles à trous variables et qui sont maintenues par un ressort . Ce système permettait de passer la soupe plus rapidement à moindre effort.

Dans le passe-vite (devenu nom commun) posé sur une casserole, on versait progressivement la soupe de légumes cuits.

Je vois encore grand-maman coincer une poignée du passe-vite contre son ventre bedonnant, maintenir l’autre poignée de la main gauche et mouliner de la main droite.

Plus facile et plus rapide ? Oui, mais néanmoins fastidieux.

Alors, quelquefois, afin de me permettre de participer à la tâche, elle maintenait le passe-vite des deux mains tandis que je tournais à la manivelle.

Lorsque cela devenait trop dur, ou que cela patinait, elle m’enjoignait de tourner en sens inverse de manière à désengorger le mécanisme afin que les fibres plus ligneuses (haricots), voire des peaux (tomates), ne passent pas.

A voir également au musée : d’autres types de passoires, moulins, broyeurs à légumes.

Bon à savoir : Le Passe-Vite est une invention belge de réputation internationale brevetée en Mars 1929.

Rem. : Les passoires munies d’un treillis métallique s’appellent des tamis.

J. Andrien

print Paru dans le n° 471 de urlBlegny Initiatives de janvier 2016

© Musée de la Fourche et de la Vie rurale - J. Andrien