Hommage à Maurice Loly
Ce vendredi 6 mai, il n’y avait rien « A voir au musée » !
J’y suis entré seul et ai fermé les yeux... Je me suis souvenu : une soirée de guigne aux cartes !
Malgré son talent et son acharnement, toutes ses tentatives de réussir s’étaient soldées par des échecs répétés.
Pus’ pièrdéve-t-i, pus’ ram’téve-t-i inte sès dints. (Plus il perdait, plus il grommelait).
- « Dji so-st-èmmacralé » (Je suis ensorcelé !)
Quoiqu’on en dise, la belote reste un jeu de chance et personne ne peut aller à l’encontre de jeux surfaits.
Dépité et rageur, Maurice s’acquitta néanmoins de bon gré de l’alimentation financière de la cagnotte.
D’un geste quelque peu désabusé, il ouvrit son porte-monnaie et en étala le contenu... Parmi les pièces éparses, je fus intrigué par un petit étui en cuivre d’à peine deux centimètres.
-« Si je ne suis pas indiscret, c’est quoi cet objet ? »
Le ton rageur se transforma instantanément en émotion empreinte de nostalgie.
-« Ce petit étui , à l’origine étamé, contient une mini statue dont j’ignore l’effigie. Il m’a été donné par ma grand- mère, laquelle la détenait de sa mère, voire d’un aïeul plus lointain ... Je l’ai toujours gardée sur moi et j’y tiens beaucoup. Réfugié en Angleterre pendant la guerre, j’y étais déjà très attaché et en prenais grand soin... »
Après examen minutieux, je crus reconnaître «Saint Vincent». Cela provoqua l’hilarité contenue des condis- ciples de jeux. Il faut savoir qu’au cours des soirées, le bon vin, gage de convivialité, était très apprécié et ja- mais négligé par notre ami.
L’ombre de la mauvaise chance s’était dissipée ; l’humour, la taquinerie et l’esprit de bonne camaraderie avaient repris le dessus.
Les rires auguraient d’ores et déjà l’heureux climat de nos prochaines rencontres.
Demain, très tôt il ira à la pêche que ce soit avec mes fils (ses moussaillons) ou ses condisciples. De retour de Butchenbach ou de Suède, il aura la générosité de toujours partager ses prises avec ses amis friands de pois- son. Merci mon capitaine !
Quant aux festivités, événements, commémorations ou autres manifestations, Maurice était toujours présent où il était entouré de personnes jeunes et moins jeunes qui lui manifestaient beau-coup de sympathie.
Ki c’seûye avou tot l’minme quî èt tot l’minme wice, ons’plêhîve tofér bin avou Maurice !
Vochâl co on copleû qui djazéve d’adram’ li walon qu’ènnè va !
Dans ses derniers moments, il m’avait confié qu’il savait là où il allait, et qu’il allait bientôt rejoindre Mariette (son épouse) dont il parlait avec tendresse, respect et discrétion.
J’ai essuyé mes larmes et me suis souvenu que je devais rire de sa dernière mauvaise blague, car telle était sa dernière volonté.
Marie-Claire, moi et les nôtres te disons : « Adieu Maurice ».
Toute notre amitié à Bernard LOLY (son fils) et à toute sa famille.
J. Andrien
Paru dans le n° 475 de Blegny Initiatives de mai 2016