L'égreneuse à maïs

L'égreneuse à maïs

Je l’avais rencontré au cours de sa promenade quotidienne. Toujours très loquace, Walt se mit à me faire part d’un de ses hobbys du moment : il fabriquait bénévolement des crèches qu’il vendait au profit d’une œuvre philanthropique... Chemin faisant, à mon tour, je fis le commentaire de mes dernières découvertes qui allaient étoffer ma collection muséale. Son attention fut portée sur un objet particulier que je lui décrivais à savoir une égreneuse à maïs.

- « Dis donc Joseph ! Serais-tu d’accord de me prêter l’ustensile ? »

Ma réponse fut sans équivoque...

- « Bien sûr, tu peux venir la chercher quand tu veux. »

Son caractère taquin, son esprit quelque peu gouailleur animèrent la fin de notre conversation enjouée.

Il m’avait mis de bonne humeur et j'avais gardé le sourire lorsque nous nous sommes quittés.

Quelques jours plus tard, Walt vint chercher l’égreneuse comme convenu.

- « C’est que je l’ai promise à un ami qui se réjouis d’en prendre possession » me dit-il.

Il ne tarda pas à voir ma mine déconfite. C’est que je n’étais plus très d’accord de lui céder à ces conditions. Nous nous étions sans doute mal exprimés... Walt était très décontenancé mais de bonne foi. Mon refus jetait le trouble quant aux promesses qu’il aurait pu faire à un tiers. Il regrettait amèrement le quiproquo.

Mais Walt est un homme honnête, gentil et toujours prêt à faire plaisir... De le voir ainsi décon- certé, je finis néanmoins par lui transmettre l’objet en insistant sur le fait que si la personne ne s’en servait plus, elle devait la rapporter au musée...

Le temps a passé, j’ai fait le deuil de l’égreneuse et n’en ai jamais plus parlé.

Et pourtant ! Il y a quelques jours, sur le seuil, l’égreneuse est réapparue flanquée de deux bonnes bouteilles de vin avec un petit billet :

« Revoici l’égrenoir emprunté en son temps à Walt. Il m’a bien servi. Merci beaucoup. Signé Jac. »

Il y a encore de braves gens ! Qu’ils en soient ici remerciés.

Si vous venez visiter le musée et que vous souhaitez voir fonctionner l’égrenoir (photo), munissez-vous d’une carotte de maïs bien sèche, vous serez ébaubi (surpris si vous préférez).

J. Andrien

print Paru dans le n° 487 de urlBlegny Initiatives de juin 2017

© Musée de la Fourche et de la Vie rurale - J. Andrien